46: STÉRILE DE PÈRE EN FILS.
St Grégoire, près Trois-Rivières. 
(30po. x 108po.) février, mars, avril, mai 1997)
 
     Du moment de la première idée de ce tableau jusqu'à sa réalisation finale, il s'écoula près de sept ans. La première fascination vint devant l'alignement d'une vingtaine de camions tous identiques aperçus le long d'une autoroute. Mais avec le temps et la prise de nombreuses photos de différents modèles, le sujet se complexifia et prit un sens nouveau. Je voulais me moquer un peu de l'univers primaire de certains hommes en les représentant à travers leurs véhicules de travail. C'est la découverte d'un garage, près de Trois-Rivières, qui étalait en façade une grande diversité de motorisés, qui fit aboutir mes recherches. 
 
     Seulement le travail de photographier tous les camions par petits groupes, sous le bon angle et vus d'en haut d'un escabeau; reconstituer toutes les perspectives justes malgré le plan très large; choisir chaque camion côte à côte et enlever ceux trop répétitifs; respecter les proportions d'ensemble malgré le collage manifeste; tout cela demanda un travail énorme. Quand le titre, intentionnellement peu subtil, fut trouvé, il me permit de préciser la charge. Je voulais dénoncer ces hommes machistes qui perpétuent une image matérialiste et stérile de la vie. Les camions représentent leurs corps lourds et il y a même un cimetière de pièces et de pneus qui se profile à l'arrière. Des jeux de mots se sont glissés dans les enseignes. Seul le ciel, avec ses nuages qui se déploient en éventail, exprime l'envol de leurs âmes légères. Le titre prend tout son sens dans l'enfant au centre qui joue dans le sable avec un camion.